Royal Blog

Par Flore Olive , Mis à jour le
C’est une histoire méconnue en France : celle d’un homme qui, après avoir juré fidélité à la dictature de Franco, va devenir Roi en même temps que l’un des symboles de la transition démocratique espagnole. Cette destinée, aux accents hollywoodiens, a inspiré ce film, une pépite, tant par ses nombreuses images d’archives inédites que par la présence exclusive et exceptionnelle du souverain.Jamais Juan Carlos ne s’est confié ainsi.
De la guerre civile à nos jours, les événements défilent sur le petit écran. Assis dans ce bureau depuis lequel il a régné, Juan Carlos observe et commente ces images: certaines, historiques, sont connues, d’autres, documents rares extraits de la vie intime et familiale du souverain , l’émeuvent jusqu’aux larmes. Parmi elles, le visage de son jeune frère, qu’il tua accidentellement d’un coup de fusil, alors qu’ils étaient encore adolescents. Celles aussi de son couronnement à la place de son père, Don Juan, qui accepte de lui remettre ses droits dynastiques. Un moment douloureux. On peut le lire sur le visage du vieil homme. Un instant rare. A ce moment-là, pour le peuple espagnol, «en un sens, j’étais un inconnu», dit-il.
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Laurence Debray, Miguel Courtois Paternina et Juan Carlos DR
Lors du tournage, Juan Carlos est encore Roi . Laurence Debray, historienne, biographe* tient la télécommande et appuie sur «pause» pour le laisser commenter et l’interroger. Avec son co-auteur Miguel Courtois Paternina, aussi réalisateur de ce film produit par Fabienne Servan-Schreiber, France 3 et TVE, ils ont réalisé plus de vingts d’heures d’interview avec le souverain. A une époque où il se sait fragile, où la monarchie est décriée. L’originalité de ce film réside dans le choix des intervenants parmi lesquels son fils, Felipe VI, mais aussi l’infante Pilar, sa soeur, Mario Vargas LLosa, son ami, prix nobel de littérature, ou Alfonso Guerra, vice-premier ministre de plusieurs gouvernements socialistes. Les auteurs ont tenu à faire intervenir les tenants de la gauche espagnole de l’époque, d’abord hostiles au souverain. Les socialistes espagnols qui se disaient républicains avaient baptisé le roi «Juan Carlos le bref». Finalement, la cohabitation entre Juan Carlos et Felipe Gonzalez s’avèrera fructueuse pour le pays.
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"Juan Carlos était jeune, beau, dynamique"

Depuis toujours, le destin de Juan Carlos fascine Laurence Debray. Née en France, où elle côtoie, via son père, les coulisses du pouvoir, elle part vivre en Espagne avec sa mère, à douze ans, en 1988. Tout comme la France, l'Espagne d’alors, elle aussi, est socialiste. «Pourtant, constate Laurence, les deux partis vivaient le pouvoir de manière bien différente. Je quittais la France où, de mon point de vue, nous étions à la fois dans la comédie du pouvoir et dans la désillusion de ces hommes de gauche qui avaient cru changer la vie… alors qu’en Espagne, certains membres du gouvernement avaient connu les geôles franquistes ou avaient dû vivre en exil. Juan Carlos était jeune, beau, dynamique. Il n'hésitait pas à rompre le protocole pour aller vers les gens. Il faisait incognito des virées en moto la nuit dans Madrid. C’était un personnage très positif, très sympathique, qui incarnait la nouvelle Espagne. Un modèle de monarchie moderne, bien plus "démocratique" que le système guindé français: le roi régnait avec, alors que François Mitterrand gouvernait d'en haut. Ce paradoxe m’a fasciné».
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Pour comprendre notamment comment l’Espagne s’est «démocratisée aussi rapidement, sans grands affrontements meurtriers, après quarante ans de dictature», Laurence Debray et Miguel Courtois se sont donc penchés sur la personnalité et le parcours de ce Roi qui, élevé, sous Franco, a été l’un des principaux artisans de cette «transition démocratique». Au fil du film de sa vie, Juan Carlos qu’on pourrait penser blasé, se révèle chaleureux, sensible. Et là où on le voyait maladif avant son abdication, il se montre aujourd’hui en forme, voyage, chasse, profite des meilleures tables ibériques. Si certains dépérissent lorsqu’ils perdent ou quittent leurs responsabilités, Juan Carlos, lui, revit. «Il est d’une réelle humilité», dit Laurence. Et après ces nombreuses heures passées avec lui, elle a acquis cette certitude: «cet homme n’aime pas le pouvoir».
*Juan Carlos d’Espagne, de Laurence Debray, ed. Perrin
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Documentaire de Laurence Debray et Miguel Courtois Paternina, à voir sur France 3, ce lundi 15 février à 20h55. Suivi d’un débat: «Quel avenir pour les monarchies en Europe?»
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